On ne peut pas opérer au mieux sans apprendre à coordonner ses mains, sans maitriser son environnement et sa concentration, sans partager avec l’équipe autour les exigences techniques et humaines que l’on a promis au patient. On ne peut pas poser une bonne indication thérapeutique si on n’a pas assimilé tout ce qui fait la personne qui sollicite un soin. Pour cela, une connaissance des cultures, histoires et techniques soignantes est indispensable car elle permet discernement, pondération et meilleur respect du bénéfice et du risque qui feront la bonne décision et la réussite humaine et technique de chaque prise en charge. Il s’agit simplement, et ce qui est vrai pour la chirurgie l’est pour toute chose de la vie, de maitriser au mieux du possible les outils culturels du soin (la connaissance et l’histoire des techniques et du système de santé), les outils physiques qui permettent la réalisation de l’acte (précision, coordination, orientation spatio-temporelle, habileté) et les outils mentaux qui encadrent le tout (concentration, réflexions, prudence et gestion des équipes) et qui permettent le meilleur pour le patient. L’exercice de la chirurgie est en cela symbolique et exemplaire car le chirurgien fait un diagnostic, prend une décision, met en oeuvre lui-même et avec ses deux mains la décision qu’il a prise avec le patient puis assume le résultat et la responsabilité de ce résultat. Dans notre époque de transfert d’efforts, de responsabilité et de prise de risques à la communauté (toujours coupable quand ça ne va pas …), l’exercice chirurgical est exemplaire des valeurs qui construisent nos sociétés.
Alors les « Arts du Soin », ce sont toutes ces actions qui permettent de faire en sorte que l’on n’applique pas des techniques comme un robot le ferait, mais que l’on donne une partie profonde de soi-même pour ressentir plus et faire au mieux pour transformer la technique en un art. Et pour cela il faut apprendre et développer les outils qui sont en nous et que notre médecine occidentale a de plus en plus de mal à faire émerger et exprimer. Le soin humain ne doit pas se retrouver enseveli derrière la technicité, l’administration et le manque de moyens, il est présent chez les administratifs comme chez les soignants, sinon, ils feraient autre chose, mais il reste à se donner un peu de temps et la réflexion pour qu’il respire un peu dans un monde de contraintes croissantes et mal maitrisées.
Développer « Les Arts du soin » et aussi ne pas avoir peur d'apprendre au contact des autres cultures et techniques du soin de par le monde est un des enjeux de la santé de demain.
Les « Arts du Soin » c’est aussi, bien au-delà de l'implication affective humaine dans la réalisation d’une prise en charge technique, une volonté à soigner chaque jour les émotions par la Culture et par l’Art sous toutes ses formes, musique, peinture, danse, arts martiaux, etc. En fait, tous les procédés qui prodiguent du bien- être, même si souvent éphémère, doivent être utilisés, il en restera toujours quelque chose ! La neuro science le prouve, toute stimulation affective positive développe, depuis la nuit des temps, nos circuits neuronaux, ce qui nous rend toujours plus sensible, plus sophistiqué dans nos ressentis et nos analyses, plus riche en capacité à comprendre, à réagir et à agir d’une façon adaptée, positive et non nuisible à soi et aux autres. Gros programme diront nous mais sur environ 8 millions d’années d’évolution, l’amas protéiforme inconscient que nous étions à quand même bien avancé grâce à cela, la stimulation positive affective pour tous et à tous les âges !
Le Dr. Pascal Gleyze est le Fondateur et Directeur Scientifique de l’Institut Franco-Chinois des Arts du Soin.
Le Dr. Pascal Gleyze est le Fondateur et Directeur Scientifique de l’Institut Franco-Chinois des Arts du Soin.