La santé publique c’est le système de solidarité et donc de soins, c’est plus que la sécu et que les arrêts de travail. La sécurité sociale a été inventée sous les bombes de la dernière guerre par des gens qui rêvaient d’’un pays libéré et dans lesquels on serait en « Sécurité Sociale ». Ce nom merveilleux si galvaudé par l’usage qu’il en a perdu son sens dans le langage commun. La sécurité sociale c’est être en sécurité dans notre société, être protégé si quelqu’un veut nous porter atteinte, être soigné si on est malade, être soutenu si on perd son travail par l’ensemble de la communauté avec laquelle on vit. On ne peut pas rêver d’un monde où il faudrait une arme pour aller au restaurant et 100 000 euros en poche d’avance pour 10 injections de chimiothérapie pour essayer de sauver un proche atteint d’un cancer … Nos pères ont voulu que tout cela soit préparé et mis en place par notre société, c’est le fondement de notre « sécurité sociale ». Plus on voyage de par le monde plus on se rend compte à quel point nous sommes chanceux et privilégiés en France de pouvoir s’offrir ce système. Il faut le préserver absolument, non pas en en profitant de manière indue et en volant ainsi de la sécurité aux autres, mais en le respectant (une journée d’arrêt de travail non justifiée coûte des centaines d’euro à la société). Nous avons endetté les générations futures pour construire notre sécurité actuelle, il serait dommage que ceux qui vont la payer n’en bénéficient plus !
En tant que praticien de santé, on ne peut pas exercer pendant des années sans avoir envie de s’impliquer dans un système de santé publique qui nous a offert des années de formations puis la possibilité de prendre des responsabilités importantes dans notre société. Le précieux privilège d’avoir la confiance de ses patients et de la population est dû au travail individuel des médecins (15 ans d’études quasi non rémunérées pour la chirurgie avant de s'installer) mais aussi à ce système de santé qui nous permet un exercice de qualité, quoi qu’on en dise.
Cela se mérite, aussi, pour l’acteur de la santé, il n’est pas concevable d’un côté d’en profiter et d’un autre, de ne pas essayer, pendant son parcours professionnel, d’améliorer les prises en charge des patients, les organisations de santé, l’hygiène en salle d’opération, la dimension humaine du soin.